Test – Senua’s Saga Hellblade 2 : une jolie démo technique - Geeko (2024)

Parmi les premiers jeux à exploiter le potentiel des consoles de nouvelle génération, Senua’s Saga Hellblade 2 était potentiellement l’un des titres les plus attendus de cette année 2024.

Développé par le petit studio britannique Ninja Theory, qui nous avait livré les très sympathiques Enslaved: Odyssey to the West en 2010 et le reboot de Devil May Cry en 2013, HellBlade 2 faisait partie des titres les plus attendus de cette année 2024. Il faut dire qu’au fil des derniers mois, Microsoft a fait monter la hype autour de ce projet avec des trailers prometteurs et surtout un accent sur la réalisation technique très impressionnante du titre.

Il faut dire que le titre tourne sous l’Unreal Engine 5. C’est non seulement l’un des premiers jeux à exploiter le moteur graphique d’Epic Games, mais aussi et surtout l’un des premiers titres “réellement new-gen” – comprenez par là que pour une logique commerciale évidente, de nombreux éditeurs continuent à proposer des jeux cross-gen disponibles à la fois sur PS5/Xbox Series mais aussi PS4/Xbox One, titres qui ne tirent bien entendu pas partie du potentiel des consoles de nouvelle génération.

Et il faut bien l’avouer, d’un point de vue purement technique, Hellblade 2 est une totale réussite. C’est d’ailleurs – de très loin – le plus beau jeu sorti à ce jour, toutes plates-formes confondues. Bien qu’il soit limité à un affichage en 30 FPS, le titre parvient à nous en mettre plein les yeux avec des décors qui fourmillent de détails, des effets visuels plus vrais que nature, une pluie battante, un brouillard épais comme une purée de pois, des décors grandioses, des visages marqués… C’est certain, voici la plus belle démo technique de l’Unreal Engine 5. Ninja Theory maîtrise la technologie et nous montre à travers ce jeu ce à quoi pourraient ressembler tous les titres triple-A d’ici 2 à 3 ans.

Sur le plan technique d’ailleurs, Ninja Theory fait presqu’un sans faute. La direction artistique est une totale réussite, les monstres sont véritablement cauchemardesques, les environnements superbes, l’attention portée aux détails est tout simplement incroyable. L’immersion est également complète grâce à une bande son formidable (bruitages ultraréalistes, spatialisation du son et surtout des musiques d’ambiance très réussies) et la mise en scène très soignée du jeu, qui le rapproche d’ailleurs plus d’un film que d’un jeu vidéo.

Si Hellblade 2 vaut le détour pour sa réalisation léchée, pas mal de joueurs risquent toutefois d’être déçus à la fois par son scénario – qui a tendance à partir dans toutes les directions et à sombrer un peu trop souvent dans le surréaliste – et par son gameplay. Ceux qui ont joué au premier volet – qui avait été produit par le petit studio avant son rachat par Microsoft – le savent, Hellblade était à la base un petit jeu indépendant. Le premier volet impressionnait par sa réalisation soignée et son univers. Si le studio a bénéficié de moyens gigantesques pour cette suite, il est important de le rappeler : Hellblade 2 s’inscrit dans la continuité du premier épisode. Il ne fallait donc pas s’attendre à un titre de la trempe d’un God of War.

Pour ceux qui auraient loupé le premier opus, on est donc face à un jeu qui est principalement narratif et est composé de 3 types de séquences principales : des combats – principalement en 1 contre 1 avec un système de combat ultra basique (attaques faibles et lourdes, et un système de parade), des “puzzles” – et c’est en réalité un bien grand mot puisque à certains stages le joueur devra tenter de retrouver des “runes” cachées dans les décors, en pointant tout d’abord des sphères pour “modifier” la réalité autour de lui puis en tentant d’aligner les différents éléments de la rune à l’écran, en se positionnant au bon endroit. Pas d’énigme complexe donc mais une succession de déplacements assez linéaire. Pour le reste, on est en réalité principalement face à un “bête” walking simulator. La progression dans le jeu est extrêmement linéaire – n’espérez pas découvrir de zone de jeu “ouverte”, il n’y en a pas, tout au plus aurez vous droit à un couloir d’une dizaine de mètres pour atteindre un point de vue ou l’un des collectibles du jeu. On retrouve également un paquet de cinématiques et quelques rares séquences qui se réduisent à une sorte de QTE, sans QTE puisqu’au final il faudra juste appuyer sur la même touche au bon moment pour progresser – par exemple jeter une lance. Vous l’aurez compris, le potentiel ludique est “limité”, au même titre d’ailleurs que la rejouabilité.

Assez court (le jeu se termine en 5 à 7h en ligne droite), Hellblade 2 n’a pas grand chose de plus à proposer en dehors de son histoire. Comme nous l’avons dit plus tôt, il faut le voir comme un jeu narratif, pratiquement un film interactif. Admirablement mis en scène, le titre n’a pratiquement aucune valeur ludique. Et clairement, Microsoft a beaucoup trop fait grimper la hype pour ce titre. Beaucoup de joueurs s’attendront à un jeu d’action/aventure. Mais ce n’est absolument pas le cas. Il n’y a pas de système d’expérience, d’amélioration du personnage ou de l’équipement… C’est une pure expérience cinématographique et beaucoup de joueurs en ressortiront sans doute déçus.

On notera d’ailleurs que si Ninja Theory a peaufiné sa recette, Hellblade 2 souffre exactement des mêmes défauts que son prédécesseur. Comme on l’a dit, le gameplay du jeu n’a pratiquement pas évolué. On aurait pu s’attendre à ce que le studio revoit certains éléments du gameplay comme les puzzles mais on se retrouve avec exactement les mêmes mécanismes de petite prod’ indépendante, sans aucune ambition. Pire, certains mécanismes ont même régressé, à l’image des combats, qui ont été simplifiés. Lorsqu’il avait été présenté au grand public, le titre s’était par ailleurs montré à travers une démo spectaculaire – avec un passage effrayant durant lequel Senua attaquait un géant dans une grotte. Il s’agit de l’un des moments les plus réussis du jeu – si pas le plus réussi en terme de mise en scène. Malheureusem*nt aussi, il s’agit de l’un des passages où le joueur est le plus passif.

Niveau narration, le titre frappe fort dans son premier acte. L’histoire reprend un peu après la fin du premier volet – il n’est toutefois pas nécessaire d’y avoir joué. Vous incarnez Senua, une esclave qui survit au naufrage d’un long ship viking sur les côtes de l’Islande et qui se retrouve dans un environnement particulièrement inhospitalier. Rapidement, Senua découvre que les vikings ne sont pas la principale menace sur l’île. Des géants dévorent chaque nuit tous les êtres vivants qui croisent leur chemin.

Une poignée de personnages rejoindront Senua dans sa quête et ceux-ci ne nous seront en réalité jamais totalement présentés. Difficiles de s’y attacher, tout comme au personnage principal, dont les multiples voix intérieures accaparent la plupart des dialogues. Il faut bien l’avouer, les sempiternels “Qu’est-ce qui nous attend derrière cette porte ? Doit-on l’ouvrir ? Non, la mort nous y attend, rebroussons chemin ! Si, il faut avancer” finissent vite par taper sur le système. Le scénario a également vite tendance à sombrer dans le surnaturel, ce qui est dommage au vu de l’incroyable travail réalisé pour bâtir un univers crédible. Ajoutez à cela des flashbacks qui nous sont narrés sous la forme de scènes à traverser, sans aucune ambition narrative, et un final expédié beaucoup trop vite, et vous comprendrez notre déception. Cela ne veut bien sûr pas dire que le scénario ne mérite pas le coup d’œil mais disons simplement qu’on s’attendait à quelque chose d’un peu plus épique et de peut-être moins “personnel”, ou du moins moins centré sur le personnage de Senua. Car en définitive, Hellblade 2 est plus l’histoire d’un seul personnage, pas forcément attachant ni marquant, et à sa quête intérieure, qu’un roman épique. Ninja Theory a sans doute été trop ambitieux avec ce projet, ou ne s’est en tout cas pas entouré des bonnes personnes pour mener à bien sa quête.

Que reste-t-il alors ? Une histoire relativement plaisante à suivre – malgré son lot de passages soporifiques -, des paysages majestueux et surtout une formidable démo technique qui nous montre l’incroyable potentiel de l’Unreal Engine 5. Un constat assez décevant pour un titre dont on attendait sans doute beaucoup plus et qui n’est finalement qu’un autre jeu popcorn pour alimenter le catalogue du Gamepass…

Conclusion

Attendu au tournant comme l’un des jeux les plus marquants de l’année 2024, Senua’s Saga Hellblade 2 est un film interactif extrêmement impressionnant techniquement, mais qui rate le coche au niveau de son gameplay. Malgré le budget revu à la hausse, Ninja Theory n’a pas repensé le gameplay du titre, qui se réduit à 80% à une succession de cinématiques et de séquences sur un rail, façon walking simulator. Les quelques puzzles proposés sont d’un ennui mortel et les séquences de combat – certes très bien mises en scène – mais toujours aussi pauvres sur le plan ludique. On en attendait clairement beaucoup plus ! Au final, on comprend mieux pourquoi Microsoft se contente d’une sorte digital pour ce titre, qui n’est en définitive rien de plus qu’un autre jeu popcorn destiné à alimenter le catalogue du Gamepass. En plus d’être une jolie démo technique. Car sur le plan visuel, le titre fait preuve d’une maestria exceptionnelle. C’est véritablement l’un des premiers jeux à exploiter pleinement le potentiel des consoles de nouvelle génération.

Senua's Saga: Hellblade 2

Gameplay 3.0/10

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Contenu 4.5/10

Graphismes 9.5/10

Bande son 8.0/10

Finition 7.0/10

6.4

On aime :

Une réalisation somptueuse

Les décors de l'Islande

Une mise en scène digne d'un film

Le premier acte

Une bande son très réussie malgré l'absence de thème marquant

On aime moins :

On s'ennuie parfois ferme

Des personnages creux ou agaçants

Une fin qui nous laisse sur notre faim

Les puzzles, ennuyeux à mourir

Un walking simulator déguisé